dimanche 7 novembre 2010

Derrière les retraites, l’esclavage salarié

Gauche Marxiste - Nous reproduisons ci-dessous une analyse de l'Initiative communiste-ouvrière concernant le mouvement social actuel, notre réseau à son tour publiera une série de textes sur le site gauche-marxiste.org dès que celui-ci aura commencé à fonctionner.

I – la situation du mouvement

1/ La « guérilla ouvrière »

Le mouvement contre la « réforme » des retraites, qui dure déjà depuis un mois et demi, semble vouloir s’installer dans la durée. Les équipes militantes planifient leurs actions sur la semaine à venir, les lycéens et les étudiants se structurent pour l’après-vacances, grève dans les raffineries... Surtout, il prend la forme d’une « guérilla ouvrière » : actions coup-de-poing menées par quelques centaines de manifestants, grèves minoritaires soutenue par la majorité de la population laborieuse et génératrices de perturbations, blocages visant l’économie. Le mouvement s’étend jusque dans les petites entreprises, les petites villes voir les gros villages, sans se généraliser véritablement. Notre blog de grève nous offre un observatoire important pour sentir ces évolutions, même si de nombreuses nouvelles nous échappent. La réactivité des contributeurs et des commentaires est un outil précieux pour l’analyse.

Il est clair que, dans l’état actuel, nous ne sommes pas dans une grève générale, mais nous assistons à un phénomène différent, qu’il faut se garder d’analyser de manière normative, à l’aune de ce qu’il « devrait être ». Nous devons être à l’écoute du mouvement ouvrier, comprendre ce qu’il se passe tel qu’il est, pour agir en son sein, et non plaquer des conceptions préétablies – ce qui ne veut pas dire que nous devons nous contenter de le suivre : il est essentiel d’essayer d’anticiper ses développements, de saisir ses formes les plus avancées et de conserver, à notre échelle, un esprit d’initiative.

En terme de mobilisation, cette situation de « guérilla ouvrière » n’est pas sans susciter des inquiétudes sur les, risques d’isolement des équipes militantes. Les vacances, qui suscitent des problèmes très concrets, peuvent amener une relative démobilisation (enfants à garder pour les parents, absence du lien constitué par l’école pour les lycéens ou les enseignants), mais aussi encourager les équipes à déployer une activité déconnectée de la situation réelle de la mobilisation.

C’est pourquoi il est important, là où nous sommes, de continuer à mobiliser nos collègues et d’appeler les équipes militantes à ne pas perdre de vue cette tâche. La collègue non gréviste aujourd’hui le sera peut-être demain, celle qui ne vient pas sur les blocages pourrait le faire, en fonction de l’évolution rapide de la situation. Continuer à mobiliser les collègues dans nos boites ou nos bassins d’emploi, c’est ce qui permettra d’éviter l’isolement, l’étiolement et la fatigue inutile. Puisque les raffineries donnent le rythme du mouvement, il faut le structurer pour tenir sur les six semaines à venir au moins. Cela nécessite d’être inventifs, de surveiller les meilleures actions réalisées ailleurs, de les répéter, de les adapter, de les améliorer. Là encore, notre blog de grève est un outil parmi d’autres, au service du mouvement, pour connaître ce qui se fait ailleurs.

Il en va de même pour la tenue des assemblées générales. Nous sommes, par principe, partisans des assemblées générales et de l’auto-organisation du mouvement à la base. Mais il fait être précis sur ce que cela signifie. On met, sous le même vocable, des choses de nature très différentes. Pour certains syndicalistes, il s’agit de réunir les travailleurs pour écouter les leaders syndicaux, puis voter pour un résultat connu à l’avance. Mais, pour des militants qui souhaitent sincèrement des assemblées générales animées de véritables débats, la réalité pratique est souvent une grande déconvenue, qui reproduit exactement les même travers : le fait de donner la parole à la salle ne signifie pas qu’elle va la prendre, surtout là où n’existe pas une tradition de luttes sociales, de grèves et de discussions à la base. Ce n’est pas parce que les premières sont ratées qu’elles le seront toujours la parole se libère lentement. La parole se libère lentement, en fonction de l’évolution générale et locale du mouvement.

Un nouvel aspect du mouvement, c’est qu’il commence à engendrer une véritable solidarité internationale. L’annonce la plus importante, c’est naturellement celle de la CGSP (Confédération générale des services publics) belge, qui a déclaré qu’elle appellerait à des débrayages pour stopper toute tentative de faire transiter de l’essence vers la France via la Belgique. La tenue de rassemblements au Brésil, au Maroc, ou en Grande-Bretagne – ce dernier à l’appel de camarades communistes-ouvriers – est un signe de l‘intérêt que suscite le mouvement français. C’est le sens de l’appel international aux organisations ouvrières que nous avons préparé. Cet élan international de soutien devrait jouer, si le mouvement se prolonge, un rôle important, notamment s‘il débouche sur des actions concrètes (soutien financier, blocages d’exportation,…). Cela peut avoir des répercussions directes sur le mouvement ouvrier européen.

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1 commentaire:

  1. "Nous devons être à l’écoute du mouvement ouvrier, comprendre ce qu’il se passe tel qu’il est, pour agir en son sein" à défaut de produire des analyses du "dehors"...il est plus que temps d'arreter de produire ce genre de théorie de petit prof léniniste qui fantasme le mouvement social (La « guérilla ouvrière ») avec des lycéens et des étudiants poils au dents.

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