Devant les grilles de Camaïeu, rue Brame, quelques pneus sont en feu. ...
Autour du brasier, une trentaine de personnes sont agglutinées. Ce sont des salariés de l'entreprise. Hier, ils ont cessé le travail à 10 h 30, pendant une heure. Et ont bravé le temps glacial pour faire part de leur mécontentement.
Au coeur de leurs revendications, les salaires. « Ça fait seize ans que je suis dans l'entreprise et je gagne 1 150 euros par mois », explique Chérif Legba, délégué Force Ouvrière. Un autre travailleur, emmitouflé dans sa capuche, confirme : « La plupart des salariés de l'entreprise ont tous dix ou quinze ans de boîte et gagnent autour de 1 000 euros. » Le SMIC. Tout juste. « On a de la chance, il va augmenter au 1er janvier », rit jaune un autre gréviste. Comme s'il ne comptait plus sur l'enseigne vestimentaire pour lui accorder une hausse de salaire.
Pourtant, chaque année, une augmentation de la rémunération de 1 % est entérinée lors des négociations annuelles. « Ça fait 10 ou 15 euros en plus », calcule un mécontent, pour qui ce petit plus ne prend la forme que d'une mauvaise blague. Pour enfoncer le clou, Chérif Legba montre une page d'un magazine économique. « Regardez la rémunération de l'ancien patron, parti avec 23,1 millions d'euros en 2009 », s'indigne le délégué, qui rappelle que « Roubaix est la ville la plus pauvre de France ». La même année, 509 personnes auraient également démissionné. La faute aux faibles rémunérations selon les syndicats, qui demandent également l'embauche en CDI des nombreux intérimaires.
Avec son action d'hier, l'intersyndicale voulait précipiter une rencontre avec la direction afin d'ouvrir des négociations sur les salaires et obtenir, dès 2010, une prime de fin d'année. C'est chose faite puisque la direction a reçu les représentants syndicaux peu après le débrayage. « La direction a écouté les revendications, a expliqué Olivier Charlier, directeur de la communication de Camaïeu. Nous leur avons donné rendez-vous au mois de mars 2011, pour les négociations annuelles obligatoires. » Pas sûr que les grévistes patientent jusqu'au printemps. Déjà, une journée de grève reconductible sera organisée ce mois-ci.La Voix du Nord