dimanche 1 août 2010

Des vacances au goût amer pour les salariés d'Ingersoll Rand


Hier midi, les ateliers d'Ingersoll Rand à Sin-le-Noble ont fermé leurs portes pour trois semaines. À la veille de leur départ en vacances, les salariés, à qui on a annoncé la probable fermeture de leur usine, sont partagés entre regrets et colère.

« Physiquement, on ne voit rien. Pour l'instant. Mais ce ne sont que les prémices. Ça va empirer. » Jean-Claude Lefebvre, délégué syndical FO, sait que les trois semaines à venir ne vont pas être de tout repos pour les soixante et onze salariés d'Ingersoll Rand à Sin-le-Noble.

Le 16 juillet, la direction a annoncé le projet de fermeture du site par le groupe, dont le siège est aux États-Unis (notre édition du 17 juillet). À quinze jours des congés annuels. Une drôle de nouvelle.

Le CE vient de donner son accord à la direction qui proposait la mise en place d'une cellule psychologique. Un numéro vert en fait, que les salariés pourront joindre en cas de besoin. « On peut avoir des gens forts devant nous mais qui vont être seuls pendant trois semaines », commente Jean-Michel Fitzner, secrétaire du CE. Car hier midi, a sonné l'heure des congés d'été pour la majorité des salariés. Après deux jours de grève mardi et mercredi pour protester contre la fermeture de leur usine (notre édition du 28 juillet), ils ont repris leur activité jeudi, sans en savoir davantage sur ce qui les attend lors de la reprise le 23 août. Le CE de mercredi n'a pas eu lieu et le CE extraordinaire prévu jeudi a été boycotté. « On préfère reprendre ça à la rentrée », indique Jean-Marc Skrzypek, délégué syndical CFDT.

En attendant, les vacances ont un goût amer. « Ils vont partir en vacances. Il faut qu'ils essaient de s'évader pendant trois semaines », suggère Jean-Claude Lefebvre. Pas si simple. « C'est catastrophique. » Jean-Claude Mory est responsable montage, peinture et ébavurage. « Ça fait trente-cinq années que je suis là. J'ai démarré à 16 ans. C'est ma première usine. Ça vous fait vraiment un gros coup. On ne sait pas trop ce qui va arriver après. Les vacances étaient prévues. On y va mais pas comme d'habitude. » Pour Éric Croccel, leader de cellule, c'est l'incompréhension. « Ça fait vingt-deux ans que je suis ici. C'est ma première boîte. Quand on apprend ça, ça fait mal. J'ai formé pas mal de jeunes, je pense à eux. Je suis impatient de rentrer pour voir ce qui va découler de tout ça. C'est un beau gâchis. » La fermeture annoncée est d'autant plus difficile à digérer que le site de Sin-le-Noble fonctionne plutôt bien. « C'est une usine qui tourne, confirme David Radjczyk, fraiseur en commande numérique. On fait des bénéfices, on a de la commande. » « Tous les appareils fabriqués ici passent dans mes mains. C'est quand même le savoir-faire qui s'en va à l'étranger », déplore Jean-Claude Tropion, opérateur au banc d'essai. Car le projet prévoit de transférer l'activité de Sin-le-Noble à Seattle, aux États-Unis. « C'est quelque chose qui sera difficile à mettre en place », selon Philippe Demeese, qui travaille au bureau d'étude depuis 1974. « Les salariés ont un savoir-faire, une valeur professionnelle qui est énorme. Ça ne se transfère pas. » Lui qui a suivi l'évolution du site, depuis Samiia jusqu'à Ingersoll Rand, ne comprend pas. « Je suis fortement déçu de la décision prise par le groupe. Je n'ai pas le sentiment que l'usine n'était pas à la hauteur des objectifs assignés. » •

La Voix du Nord

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