vendredi 20 août 2010

Les plans de restructuration injustifiables de Téléperformance

La direction de la société de centres d'appels continue de motiver ses projets de centaines suppressions de postes par des difficultés économiques alors que parallèlement elle délocalise à tout va ses activités à l’étranger.

Teleperformance joue sur les nerfs de ses salariés français. Après avoir annoncé début juillet un plan de restructuration prévoyant 834 suppressions de postes sur le territoire (voir notre article du mardi 6 juillet 2010), la direction du numéro un mondial des sociétés de centres d'appels a indiqué hier aux syndicats qu’elle baissait le nombre d’emplois à 689, soit 145 postes de moins par rapport à la précédente mouture. «Un écran de fumée pour redorer son image», a réagi Myriam Boujghid, déléguée syndicale central FO. «Les 145 postes soi-disant sauvés résultent d’un calcul pernicieux, souligne-t-elle, puisque la direction mise sur les départs "volontaires" de salaries qu’elle saura démotiver avant la mise en œuvre effective du plan social». En fait, pour elle, «les dirigeants ont de plus en plus de mal à justifier leurs plans de destruction d’emplois depuis qu’ils ont été sommés de les étayer sous la pression syndicale».

En effet, Teleperformance a beau expliquer être aujourd'hui en «surcapacité de production structurelle» et mettre en avant une «perte d'exploitation de 36 millions d’euros» en 2009 en France, cela ne convainc personne. D’abord parce que le groupe reste profitable avec bénéfice net de 88 millions d’euros l’an dernier. Ensuite «comment faire avaler aux salariés la fermeture de 14 sites en France sur les 22 actuels alors que, dans le même temps, le groupe poursuit sans scrupules sa politique de délocalisation à l’étranger?», ont demandé hier les syndicats lors d’une réunion du comité central d’entreprise (CCE). Ils en veulent pour preuve le récent rachat de 100% du capital d’une société concurrente écossaise (beCogent Europe) et la poursuite de l’implantation au Maghreb, avec l’ouverture imminente d’un centre au Maroc ainsi que la consolidation des activités en Tunisie. Sans compter d’autres projets d’installation en Amérique du Sud. À l’issue de cette réunion, les syndicats ont décidé de mandater un cabinet d’expertise (APEX) pour connaître la réalité de la situation économique et financière de l’entreprise. Un rapport devrait leur être remis dans moins d’un mois. En attendant, ils n’ont pas l’intention de négocier un quelconque plan social.

Ils sont par ailleurs curieux de savoir ce que vont donner «les assises des centres d'appels» annoncées mi-juillet par le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez. Prévues à la rentrée, ces assises doivent réunir les principaux acteurs du secteur, y compris les donneurs d’ordres, c’est-à-dire les clients des centres d’appels (France Télécom, Bouygues Télécom, EDF, SNCF, GDF-Suez...). L’objectif est à l’avenir de lutter contre les délocalisations de ces activités, a précisé M. Wauquiez. Reste à savoir si le gouvernement prendra enfin des contraignantes. Car, comme le secrétaire d’Etat l’a déploré lui-même le 12 juillet sur RMC : «il y a cinq ans, Jean-Louis Borloo (ex-ministre du Travail) avait passé un accord avec le secteur des centres d'appels (qui) s'était engagé à créer 100.000 emplois. Ils en ont créé (…) aucun».

FO Information

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