dimanche 19 septembre 2010

Les salariés de Brunet devant le tribunal - Ils ont attaqué leur entreprise pour licenciement économique injustifié

9 h 30 hier matin devant le tribunal des prud'hommes, une quarantaine de salariés licenciés de Brunet dentelles ont rendez-vous pour l'audience de conciliation.

Ils ont attaqué leur entreprise pour licenciement économique injustifié. Quelques-uns bravent le froid matinal presqu'automnal pour s'en griller une avant de passer devant le juge ; la majorité attend dans le couloir, se retrouve, prend des nouvelles des uns et des autres. Certains sont en formation, d'autres toujours à la recherche d'un travail. Peu ont trouvé jusqu'à présent, alors qu'ils sont licenciés depuis octobre dernier.
Le stress est palpable. Ils sont dessinateurs, passeurs de chaînes, ouvriers ou mécaniciens, tous ont donné leur vie professionnelle, ou une partie, pour la dentelle de Calais, et se retrouvent aujourd'hui sur le carreau. L'incompréhension et la sensation de s'être fait remercier sans raison ont poussé ces salariés à se rapprocher, avec l'aide de Serge Legrand, délégué syndical, de l'avocat parisien Fiodor Rilov. « On n'a rien à perdre », confie un ancien employé. « C'est normal qu'on les attaque après ce qu'ils nous ont fait », poursuit un de ses anciens collègues.
Mais le chemin est encore long pour ces anciens salariés de la dentelle. L'audience de conciliation n'a pas abouti. Une audience a été fixée en mars, dans six mois. Une longue attente se poursuit. « Les dirigeants de Brunet ont décidé depuis le début de jouer la montre et de tout faire pour retarder la procédure », s'indigne Serge Legrand.
Du côté du cabinet de l'avocat, on confirme que « la procédure suit son cours normal. Nous avons assigné une société à l'étranger, c'est une démarche qui prend du temps. Nous n'avons pas encore eu de retour ». En juin dernier, lors du passage de trente salariés licenciés, eux, en mai 2009, Fiodor Rilov se disait optimiste quant à l'issue de la procédure. Pour lui, le seul objectif de ces licenciements, « ça a été le profit pour la maison mère en Chine et une poignée d'actionnaires ». Cet avocat, qui a déjà fait tomber Stora Enso, une des papeteries les plus importantes au monde, Samsonite, numéro un du bagage, et Sublistatic, leader européen du carton, espère bien faire tomber à son tour la maison mère de Brunet et apporter aux salariés licenciés une dignité et une reconnaissance.

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