samedi 18 septembre 2010

Une grève empêche l'inauguration de l'"autoroute de la mer"

Des dockers CGT ont bloqué les accès du port de Saint-Nazaire jeudi et empêché l'inauguration de la première "autoroute de la mer" entre la France et l'Espagne par les ministres des Transports des deux pays.

Environ 300 agents portuaires, qui réclament des départs à la retraite anticipée en raison de la pénibilité de leur métier, ont brûlé des pneus pour protester contre les "promesses non tenues" de Dominique Bussereau lors de la réforme des ports français.

Le secrétaire d'Etat aux Transports et son homologue espagnol ont préféré annuler leur venue, invoquant "des problèmes de sécurité".

"Nous sommes satisfaits que Dominique Bussereau ne soit pas présent", a déclaré à la presse Yves Tual, secrétaire général du syndicat CGT du Port de Nantes/Saint-Nazaire. "Nous n'avions pas envie de fêter le fossoyeur de nos corps. Beaucoup d'entre nous meurent à 55, 56 ou 60 ans en raison de cancers."

TRAVERSÉE DE QUATORZE HEURES

L'autoroute de la mer entre Saint-Nazaire et Gijón (Asturies) vise à décongestionner le trafic routier dans l'ouest des Pyrénées, en se montrant "plus rapide, plus écologique et moins chère".

Un ferry, pouvant transporter jusqu'à 130 voitures et 40 remorques, va assurer pour cela trois fois par semaine des rotations entre les deux ports. La traversée dure quatorze heures contre vingt-deux pour le trajet routier en passant par les cols pyrénéens.

"Il est plus intéressant pour les chauffeurs de passer la nuit dans une cabine à avancer, plutôt que de rester sur un parking à stationner", explique Christophe Santoni, directeur général de LD Lines, filiale du groupe Louis-Dreyfus Armateurs (LDA) chargé du développement du "merroutage".

L'utilisation du ferry, facturée 450 euros l'aller simple, permet même aux chauffeurs de gagner du temps tout en respectant la réglementation européenne, qui leur impose sur la route onze heures de repos obligatoires toutes les vingt-quatre heures.

100.000 CAMIONS

Les objectifs sont pour la navette maritime de transporter 13.000 camions la première année, et 100.000 par an d'ici à 2015, ce qui réduirait de 5% le trafic automobile dans l'ouest des Pyrénées.

"Elle n'est écologiquement rentable que si le ferry est chargé à plus de sa moitié", précise toutefois Philippe Louis-Dreyfus, président de Louis-Dreyfus Armateurs, la maison-mère de la société qui va exploiter la ligne. "Il est évident que le bilan ne sera pas positif si le bateau ne transporte que dix camions."

Une première "autoroute de la mer" française, entre Toulon (Var) et Civitavecchia (Italie), avait été abandonnée en mars 2009 après quatre années de fonctionnement.

"Les routiers italiens devaient bénéficier d'une sorte d'éco-bonus pour prendre la mer, mais cette subvention promise aux clients n'est jamais arrivée", dit Philippe Louis-Dreyfus. "À l'époque, les gens n'étaient pas prêts. Mais, depuis, les mentalités ont changé: le Grenelle de l'environnement est passé par là."

Ce dernier conditionne aussi le succès des "autoroutes de la mer" à un "fort soutien" des pouvoirs publics. "On se prépare à avoir des débuts difficiles, mais on a mis toutes les chances de notre côté pour réussir", affirme le président de Louis-Dreyfus Armateurs.

Le programme européen "Marco Polo", qui vise à encourager le cabotage maritime, dispose d'un budget de 450 millions d'euros entre 2007 et 2013.

La France et l'Espagne ont accordé chacune 15 millions d'euros à cette autoroute de la mer qui a aussi obtenu quatre millions d'euros d'aides européennes. Une liaison similaire, exploitée par l'armateur espagnol Acciona, doit prochainement voir le jour entre Saint-Nazaire et Vigo, en Galice.

Le Point

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