samedi 25 septembre 2010

Lutte des classes dans l'industrie automobile italienne

Gauche Marxiste - Un article édifiant de la presse capitaliste française qui fait ouvertement l'apologie de la régression sociale et du sabotage patronal. Une presse décomplexée dans un contexte d'offensive du capitalisme contre les intérêts ouvriers. [La rédaction de Tribune Marxiste a retitré l'article d'origine - NDLR]


Les démêlés de Sergio Marchionne avec les syndicats en Italie rappellent beaucoup le combat que Margaret Thatcher a mené au Royaume-Uni dans les années 1980. Le directeur général de Fiat a adopté une approche directe et pragmatique, et ça marche. Les progrès qu'il a obtenus en quelques mois en matière de flexibilité surpassent ceux que l'Italie tout entière a réalisés en plusieurs années. Sans ces changements, M. Marchionne ne réussira jamais la métamorphose de Fiat qu'il a engagée. Les autres grands employeurs italiens seraient d'ailleurs bien inspirés de suivre son exemple.

M. Marchionne veut doubler la production du constructeur automobile d'ici à 2014, et pour cela il lui faut plus d'ouvriers. Il est prêt à créer des postes en Italie, mais seulement si les syndicats peuvent lui garantir un bon climat social et une productivité beaucoup plus élevée. L'usine polonaise de Fiat produit pratiquement autant de véhicules que les cinq sites italiens du groupe, mais avec 70 % de main-d'oeuvre en moins. M. Marchionne a donc menacé de délocaliser la production en Europe de l'Est s'il ne lui était pas possible d'introduire plus de flexibilité dans les contrats de travail.

L'usine italienne de Pomigliano d'Arco est devenue le principal théâtre de conflits. Si quatre des cinq organisations syndicales de cette unité de production peu performante située près de Naples ont accepté les conditions de M. Marchionne, la cinquième, la FIOM, fait de la résistance. Mais le plus grand syndicat de la métallurgie en Italie a peut-être sous-estimé la détermination de M. Marchionne.

A l'instar de Mme Thatcher, célèbre pour avoir tenu tête aux syndicats de mineurs et remporté le bras de fer, M. Marchionne a le caractère bien trempé. Il a réagi en créant tout simplement une nouvelle société qui est restée en dehors de la Confindustria, la confédération générale de l'industrie italienne. Elle n'est donc pas obligée de respecter les contrats de travail nationaux. En juillet, la plupart des ouvriers représentés par les quatre autres syndicats dans l'usine de Pomigliano - le site où Fiat a prévu de fabriquer la nouvelle Panda - signaient les nouveaux contrats de travail. M. Marchionne a laissé jusqu'à fin septembre aux membres de la FIOM pour faire de même.

Souplesse

On peut s'attendre à des confrontations musclées, même si la chute brutale des ventes d'automobiles observée en août en Italie n'aura pas manqué de marquer les esprits côté FIOM. M. Marchionne a déjà obtenu en grande partie ce qu'il voulait. Au début du mois de septembre, la principale organisation industrielle italienne a déclaré qu'elle sortirait du cadre des contrats de travail de la métallurgie à partir de 2012 et négocierait des conditions plus souples pour le secteur automobile. Les autres secteurs d'activité suivront très certainement. En fait, c'est peut-être là une façon pour le groupe Fiat de s'acquitter de sa dette vis-à-vis d'un pays qui l'a soutenu pendant de nombreuses années.

Le Monde

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