vendredi 20 août 2010

Marseille : big embrouille chez McDonald's

À La Valentine, 171 salariés sont les otages du bras de fer qui oppose la direction France à son principal franchisé

Ronald ne nous fait plus rire" peut-on lire sur l'une des banderoles déployées par la CGT sur les façades du McDonald's de La Valentine (11e ), un établissement dont l'exploitation est interrompue depuis maintenant 72 heures. Une situation inédite pour un restaurant qui compte parmi les trois plus importants de la chaîne nord-américaine en France, et dont le "McDrive" (le service de restauration rapide pour les automobilistes) est considéré comme le plus grand d'Europe.

En fait, ce "fast-food" se trouve au coeur d'un conflit qui oppose depuis plusieurs années la société McDonald's Provence Restaurant (McDonald's France) à la société Sodeval, son franchisé le plus important et le plus puissant de l'Hexagone. La relation de confiance qui s'était nouée en 1992 entre McDonald's France et Francesco Brescia, le patron de Sodeval, semblait pourtant solide, ayant notamment permis à la marque de se développer de manière spectaculaire dans les Bouches-du-Rhône.

Mais leurs rapports allaient brusquement se dégrader à partir de 2006; McDonald's voulant réorganiser ses franchises tout en mettant un frein aux ambitions de son partenaire de la première heure. La situation n'a alors cessé d'empirer, chacun se prévalant de décisions de justice en sa faveur, ce qui a conduit à d'incessants changements de mains des établissements concernés par le litige. Pour le personnel du restaurant de La Valentine dont McDonald's avait récupéré la gestion en 2008 et qu'un arrêt d'appel de janvier 2010 oblige à restituer à Francesco Brescia, avec recours éventuel à la force publique, l'avenir semble bien obscur.

Otages de ce bras de fer, les 171 salariés soupçonnent en outre le groupe américain de vouloir retirer tout le mobilier technique de l'établissement, avant d'en restituer les clefs à Sodeval, rendant impossible son redémarrage. "Notre but n'est pas de choisir l'entreprise avec laquelle nous voulons travailler, explique Alexandre, l'un de leurs délégués syndicaux CGT. Nous demandons simplement qu'un accord soit trouvé entre les deux parties et que nous puissions garder notre emploi tout en étant payés. McDonald's s'est engagé à nous verser nos salaires jusqu'au 31 août, mais après?"

Quant à l'occupation du site, les salariés la justifient aisément : "Sodeval a obtenu de récupérer les murs et le fonds de commerce. Nous surveillons donc que personne, entre-temps, ne vienne enlever quoi que ce soit".

Des personnels qui manifestent une autre inquiétude. "Chaque jour de fermeture, le restaurant subit un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliers d'euros. Nous craignons que notre futur patron, quel qu'il soit, retienne cette somme sur nos salaires ou nos primes de bénéfices alors que nous n'avons fait que protéger notre outil de travail." Quant à la préfecture, à laquelle nous avons demandé ses intentions, elle indique simplement que "la police assistera l'huissier en charge d'appliquer la décision de justice, aujourd'hui en début de matinée".

La Provence

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