vendredi 26 novembre 2010

Picavet Bondues : ouvriers contre patronat


La société Picavet Bondues, reprise en 2003 par le groupe Flamme, est spécialisée dans l'assainissement. Des salariés sont allés il y a quelques mois alerter la CGT sur leurs conditions de travail. Depuis, deux licenciements ont été prononcés, certains salariés ont organisé un débrayage, une première, et l'inspection du travail a été alertée.

« Des salariés sont venus nous voir en début d'année pour nous faire part de leurs conditions de travail », explique le secrétaire général de l'union locale CGT de Tourcoing, Samuel Meegens. « Nous avons halluciné. » À tel point que la section locale devrait se porter partie civile dans les deux affaires portées devant les prud'hommes par les deux salariés licenciés en juin. « La boîte ne représente que 14 salariés et ça nous prend un temps fou. La direction se place ouvertement en dehors du code du travail », justifie le secrétaire général.

Les faits sont pourtant simples, aux dires des ouvriers : « Heures supplémentaires non rémunérées, dépassement de l'horaire quotidien et hebdomadaire, délai de prévenance de sept jours non respecté avant la modification des horaires de travail, un maintien de salaire sur une base de 151 h 57 avec compteur d'heures positifs ou négatifs qui n'est pas respecté, une douche existante qui n'est pas aux normes et une deuxième cabine qui n'est pas utilisable. » Les ouvriers déplorent aussi l'utilisation de harnais de sécurité pas aux normes de travail, un travail qui s'effectue parfois dans des cuves à 60 ° C.

Ces revendications ont été possible grâce à la mise en place d'élections professionnelles, il y a quelques mois seulement. « Là aussi, ça n'a pas été simple. Ces élections étaient prévues depuis 2006, il a fallu que je fournisse tout le protocole à la direction », constate le secrétaire général de la CGT. Fabrice Costeaux délégué CGT est en place depuis ces élections. Malgré sa légitimité, en octobre, il demandait encore à la direction « la mise à disposition pour le délégué du personnel et le paiement des heures de délégation en plus de la journée de récupération. »

Rappel à l'ordre

La direction, rappelée à l'ordre en octobre sur les différentes revendications des salariés par l'inspection du travail, a promis qu'il y aurait régularisation. C'est sans doute ce que l'inspection du travail a voulu vérifier en inspectant le site mardi. Joint par nos soins, M. Flamme déplore l'attitude de ses salariés : « Si ça leur fait plaisir, moi j'ai d'autres soucis pour faire tourner la boutique ». Pour les heures supplémentaires, M. Flamme a tranché : « il n'y en aura plus, les ouvriers feront 35 heures, c'est tout. » Pour la douche, « celle en place est suffisante. Ils ne sont que 50 % à l'utiliser ». Pour les changements d'horaires, le patron est clair : « Nous sommes une société de service et, en général, nous intervenons en urgence chez les gens. La prochaine fois, je dirai aux clients qui demandent un débouchage que nous viendrons mais dans sept jours ! » La direction a terminé la conversation en indiquant qu'ils avaient apporté beaucoup au site depuis 2003. Sans souhaiter détailler les dites améliorations.

« Le travail n'a pas changé, on demande juste notre dû. ce n'est pas normal que pour un travail aussi ingrat on soit payé au lance-pierre », conclut, amer, Fabrice Costeaux qui n'entend pas baisser la garde. Même si : « La direction nous a menacés, "si vous continuez comme ça, dans deux mois on ferme boutique". »

La Voix du Nord

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