vendredi 5 novembre 2010

Temps de pause et SMIC : la justice bourgeoise contre les travailleurs d'Auchan

« Déboutés et dégoûtés... » C'était le sentiment d'un petit groupe de salariés d'Auchan, hier, devant les prud'hommes de Lannoy. À leur tête, Guy Laplatine, délégué syndical central CFDT, abasourdi à la lecture de quelques-unes des 900 décisions rendues par les juges. Le noeud du contentieux : une intégration du temps de pause dans le calcul du SMIC lors du passage aux 35 heures.

« Dilatation du temps de travail »

« C'est honteux, c'est incroyable. Il y a une justice des riches et une justice des pauvres », s'emporte le responsable syndical qui n'en démord pas. « Il y a eu spoliation pendant des années on a trompé des milliers de salarié s. Et on parle de smicards ! » En somme, « pour obtenir un SMIC 35 heures, il fallait pointer 36 h 45 ». Il parle donc de « dilatation du temps de travail » !

C'est en 2004 que les syndicats, CFDT puis CGT, interpellent l'Inspection du travail, qui fait remonter les anomalies dénoncées par les salariés d'Auchan jusqu'en 2000. La période concernée serait de sept ans. « Sur cette période, j'ai perdu 3 200 euros », détaille Jean-Claude Sergent, agent de sécurité à Auchan Englos et délégué du personnel. Selon les salariés, le préjudice irait de 500 à 5 000 euros. Ce qui révolte Guy Laplatine, c'est qu'« en juillet un arrêt de la Cour de cassation indique que le temps de pause ne peut pas être intégré dans le temps de travail effectif et qu'on ne peut pas asseoir l'assiette, le SMIC, sur cela. Et malgré tout, ils arrivent à nous débouter ».

« Stricte application de la loi »

Vision très différente pour Laurent Maquet de Vasselot, l'avocat d'Auchan. « Ces arrêts ne concernent pas le même secteur d'activité et ce n'est pas transposable à Auchan France. Les juges de Lannoy en avaient connaissance et cela a été versé aux débats. Ils ont pris leur décision en toute connaissance de cause. » Il exprime sa « satisfaction d'avoir été entendu dans les explications données. Nous avions présenté les conditions dans lesquelles Auchan France avait fait une stricte application de la loi et de la convention collective ».

« Zéro pour les smicards d'Auchan, ce n'est pas juste, répète Guy Laplatine. On est repartis pour deux ou trois ans mais on va aller en appel, la question ne se pose même pas. » •

La Voix Eco

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire