vendredi 8 octobre 2010

Bassens : les ouvriers Michelin font pression

Les ouvriers de Michelin sont à l'origine d'une grève pour obtenir 300 euros de revalorisation.

Une très forte majorité d'hommes en tenue civile discutent par petits groupes à l'extérieur de la Simorep et Cie avec en fond, une banderole accrochée au grillage sur laquelle est peint « en grève ». Ce décor est assez rare sur le site industriel de Bassens qui fabrique du caoutchouc synthétique pour Michelin.

« Nous sommes au deuxième jour de grève, la revendication porte sur une revalorisation de 300 euros des salaires pour l'ensemble du personnel », annonce l'intersyndicale CFDT, CGT et CFE- CGC. « Chez Michelin, les mouvements sociaux partent toujours de la base, les organisations syndicales ne sont pas considérées », ajoutent les responsables à propos de ce conflit qui n'échappe pas à la règle. Lundi, à 3 heures du matin, des membres de l'équipe de fabrication arrêtaient le travail.

Grévistes et direction sont au moins d'accord pour évaluer à « une centaine de salariés », le nombre de personnes impliquées dans ce conflit. Il s'agit des ouvriers, une catégorie représentant près de la moitié de l'effectif global (370 personnes). « Par mesure de sécurité, l'activité est ralentie », précise la direction, alors que les grévistes prétendent que leur absence en est la responsable.

« Toujours à sens unique »

« Nous allons vers un conflit dur », estiment les syndicats. Des grévistes promettant de « ne vouloir rien lâcher ». Les salariés ont fait grève une première fois les 10 et 11 septembre, mais ils ont essuyé « le refus de la direction de négocier ».

« Nous sommes retournés devant les collègues pour leur demander quels étaient réellement leurs sentiments sur leurs conditions de travail et de rémunération », expliquent les délégués syndicaux. « 168 personnes sont venues exprimer leur mécontentement, nous en avons fait part à la direction lors d'un comité d'entreprise extraordinaire jeudi dernier mais, là encore, la direction nous a dit que le groupe ne négociera pas. »

Dans la nuit de dimanche à lundi, « la base » passait à l'offensive. Hier matin, elle la justifiait en ces termes : « Ça fait maintenant plusieurs années que l'on nous demande de nous remettre en cause par une plus grande responsabilité du personnel dans les ateliers, mais c'est toujours à sens unique, on n'a rien eu de plus que l'augmentation du salaire qui ne compense même pas l'inflation. »

1 230 euros nets

Avec ce conflit, les langues se délient à condition de préserver l'anonymat… « Moi, je m'en fous. Je m'apelle Joël. Après trente-trois années de carrière dont vingt-six à la finition, je suis à 1 400 euros nets ». « On sait ce qui nous attend quand on signe mais le séchage de la gomme et son conditionnement sont du travail physique, avec en plus la chaleur, les odeurs... »

Et des rythmes de travail saccadés entre matins, soirs et nuits. Joël, ayant changé de poste, n'a plus les primes de nuit. Avec elles et celles de week-end, un mécanicien (cinq ans d'ancienneté) perçoit 1 230 euros nets. « Avec des misères pareilles, ils ont été obligés d'augmenter les salaires à l'embauche parce qu'ils ne trouvaient personne », note un salarié entré dans l'entreprise au printemps dernier et qui « touche 1 470 euros ».

Hier après-midi, la direction de Michelin, actionnaire de la filiale Simorep, indiquait « avoir réalisé 30 embauches et un plan d'action sur les conditions de travail et de sécurité ». Elle observait que « le maintien du dialogue devrait permettre de sortir du conflit le plus tôt possible ». « En dix ans, il y a eu deux grèves qui n'ont pas excédé deux jours », rappelaient les syndicats, partis cette fois pour une troisième.

Sud Ouest

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