jeudi 14 octobre 2010

La tension monte à l'usine de thé Fralib de Gémenos

Tête-à-tête musclé hier entre 75 salariés refusant la fermeture et la direction.

Ambiance très tendue hier après-midi à l'usine Fralib de Gémenos.
75 salariés en colère ont brièvement retenu le directeur dans les locaux

La tension est montée d'un cran, hier, dans l'usine de conditionnement de sachets de thé Fralib (Lipton et Éléphant), à Gémenos, où travaillent 182 personnes, et dont le groupe Unilever a annoncé la fermeture. Alors que les représentants syndicaux devaient discuter avec la direction de l'accord de méthode -qui fixe les modalités de discussions entre partenaires sociaux en vue d'un éventuel plan social-, l'ensemble des salariés présents sur le site à l'occasion d'une assemblée générale, s'est rendu dans la salle de réunion.

Le directeur Angel Llovera, et son responsable des ressources humaines Jean-Noël Cormier, se sont retrouvés face à 75 salariés en colère, et mitraillés de question. "Ils sont venus vous exprimer leur mépris. Cette usine, on va pas la fermer, toi, tu vas partir et nous on va rester", lançait Gérard Cazorla, le secrétaire CGT du comité d'entreprise, en préambule.

Une fermeture infondée ?

"Elle est où la raison économique ?", interrogeait encore un salarié, s'appuyant sur l'exemple de Nestlé, que le conseil de prud'hommes vient d'épingler en jugeant que la fermeture de l'usine de Saint-Menet n'était pas économiquement fondée. Pour les salariés de Fralib, qui viennent de lancer une expertise concernant le fonctionnement du groupe Unilever, le site de Gémenos est viable : "Actuellement, la demande de sachets "double chambre" (l'essentiel de la production de Gémenos, Ndlr) en Europe est de 3 milliards de sachet s!", affirmait à son tour Olivier Leberquier, délégué syndical CGT qui a déjà vécu, en 1998, la fermeture de l'usine du Havre. Le 28 septembre dernier, le groupe avait justifié la fermeture du site en indiquant que "Unilever a perdu 20% de ses parts de marché dans les trois zones (France, Pays Nordiques et Italie) où sont vendues 85% des productions de Fralib", mais aussi parce que l'usine "représente à elle seule 27% des coûts pour 5,1% des volumes de production européens."

Des mensonges aux yeux des salariés, pour qui le groupe a enlevé, au fil des ans, des productions au site de Gémenos, afin de les implanter à Bruxelles, fragilisant le site. "On nous dit que 90% de l'activité va être implantée à Bruxelles, et 10% à Katowice (Pologne, Ndlr) mais une fois qu'ils auront fait ça, ils enverront tout le monde en Pologne", estimait hier en assemblée générale Olivier Leberquier pour qui "on va imposer à Unilever de rester ici".

Après une demi-heure de discussion musclée, les salariés, hier après-midi, ont empêché le directeur Angel Llovera de quitter la salle. L'échange "viril" s'est poursuivi, après une bousculade, dans une ambiance très tendue, avant que cette "séance", plutôt houleuse, ne soit levée, à l'initiative des salariés, vers 16 heures.

Les Fralib, qui ont déjà vécu plusieurs plans sociaux, sont prêts à de nouvelles action s: lundi, ils devraient pour la première fois depuis le 28 septembre, observer une journée de grève, afin d'envoyer des délégations dans l'ensemble des usines du groupe Unilever en France.

La Provence

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