samedi 30 octobre 2010

Suisse : des ouvriers de la construction sont prêts à protester

Les entrepreneurs refusent l'augmentation de 150 francs pour les travailleurs de la construction proposée par Unia. Les syndicalistes se sont rendus sur les chantiers.

«Si nous n'obtenons pas une augmentation de 150 francs cette année, on ne l'aura jamais! C'est le plein boom pour la construction, alors comment les entrepreneurs peuvent-ils refuser une augmentation correcte des salaires?» s'est exclamé hier Jeanny Morard, le secrétaire régional d'Unia, devant une vingtaine d'ouvriers de la construction travaillant sur des chantiers à Grimisuat.

Les syndicalistes ont profité de la pause de midi des maçons pour recueillir leurs sentiments à l'heure des négociations salariales pour 2011, et sonder leur envie de se battre pour obtenir les 150 francs d'augmentation demandés.

Car Unia ne démord pas: 150 francs supplémentaires c'est le montant nécessaire pour les ouvriers en 2011. «Cinquante francs concernent le renchérissement (qui ne prend pas en compte l'augmentation des caisses maladies, de la facture électricité, etc.); nous revendiquons donc 50 autres francs pour ces augmentations dans le quotidien, et enfin 50 francs car la conjoncture du bâtiment n'a plus été aussi florissante depuis longtemps. Ce sont quand même les ouvriers qui suent et accumulent les heures supplémentaires sur les chantiers! Pourquoi n'en récolteraient-ils que des miettes?» a expliqué un Jeanny Morard bien décidé à se battre.

Ouvriers pas satisfaits

Le syndicaliste est d'autant plus convaincu de la légitimité de ce combat qu'il a constaté que les ouvriers en Valais sont partants pour continuer les négociations. Toute la semaine, les représentants d'Unia ont parcouru douze chantiers du canton, y compris dans le Haut-Valais. Et, partout, les avis ont été unanimes. «Les ouvriers veulent qu'on maintienne notre ligne pour obtenir ces 150 francs.»

Idem hier à Grimisuat. Les ouvriers ont avoué ne pas être satisfaits de leurs salaires actuels. «On mériterait de gagner davantage», a soufflé l'un d'entre eux. «Et puis, il faut être clair: dans une famille moyenne, s'il n'y a pas au moins 100 francs d'augmentation en moyenne, le pouvoir d'achat va baisser. Ce n'est pas le moment de toucher au pouvoir d'achat!» a martelé Jeanny Morard.

La partie est pourtant loin d'être gagnée. Lors de la troisième ronde des négociations, la société suisse des entrepreneurs a persisté à présenter une offre salariale de 0,6% d'augmentation seulement. «Une proposition inacceptable», aux yeux d'Unia. «Cela représente à peine 25 francs de plus par mois sur les plus bas salaires. Cela ne couvre même pas l'augmentation de la caisse maladie. Nous ne dirons pas oui à cette proposition, c'est certain!» s'est emporté Jeanny Morard.

Mesures plus dures

D'ici au début du mois de décembre, Unia donnera sa décision. Sans grand optimisme quant à l'issue des négociations. «Comme nous sommes déjà à la troisième ronde des discussions, nous n'avons pas beaucoup d'espoir que la société des entrepreneurs accepte les 150 francs que l'on propose», a ajouté le secrétaire syndical.

Les actions sont donc quasiment inévitables dans la construction entre décembre et janvier prochains. Unia ne s'est cependant pas déterminé quant à la forme des protestations prochaines.

«Peut-être que nous inciterons à des grèves locales sur des chantiers ciblés ou d'autres manifestations. On verra», a conclu Jeanny Morard.

LeNouvelliste.ch

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