jeudi 7 octobre 2010

Les salariés de l'usine CMD, en « grève illimitée » depuis mardi, veulent voir les fruits de la croissance sur la fiche de paie


C'est une bataille de chiffres qui se joue à la décimale près. Lundi, lors d'une rencontre programmée avec les syndicats, la direction de CMD propose une augmentation de 0,3 % des salaires au 1er octobre. Le lendemain, elle lâche un peu plus en promettant 0,5 %. ...

Niet, disent les syndicats, qui veulent « de 1 % à 2 % » de rab, après une première hausse de 1 % en mars dernier.

La direction n'a pas surenchéri et l'usine, qui fabrique des réducteurs et multiplicateurs de vitesse pour des raffineries ou cimenteries, ne tourne quasiment plus depuis mardi matin. La majorité des 300 salariés étant en « grève illimitée ». En mars, déjà, les revalorisations salariales avaient été obtenues au prix d'une semaine de débrayages ponctuels. Cette fois, c'est piquet de grève et banderoles sur les grilles de l'entreprise de l'avenue du Cateau, parce que les ouvriers estiment qu'« ils se fichent de nous ! »

« Le carnet de commandes se remplit et les objectifs fixés par la direction ont été dépassés, plaide Patrick Poirier, délégué syndical CFDT. On va aussi avoir cette année un intéressement sur les bénéfices et de la participation, preuve que ça tourne. » « Quand ça marche, on voudrait en avoir les fruits, renchérit Jacky Lenne, délégué CGT. Il y a de l'argent mais ils ne veulent pas en donner ! »

« Nous jouons le jeu »

La direction, par la voix de Michel Caillaux, directeur des ressources humaines du groupe CMD, ne fait évidemment pas la même analyse. « Nous avons cruellement ressenti la crise. Entre 2008 et 2009, nous avons connu une baisse de 30 % d'activité. Aujourd'hui, l'activité reprend mais on ne baigne pas dans l'euphorie. » CMD juge sa proposition de + 1,5 % d'augmentation sur l'année « raisonnable », alors que l'indice INSEE des prix à la consommation, qui sert habituellement d'étalon lors de négociations, n'a grimpé que de 1,3 %. « Nous estimons que nous jouons le jeu.

Nous disons oui aux augmentations salariales, mais dans les limites des possibilités de l'entreprise », résume Michel Caillaux. Qui rappelle par ailleurs que l'usine investit, remplace les départs à la retraite et que si la croissance est bien au rendez-vous cette année, « on n'est pas revenu au niveau de 2008 ». Les discussions étaient hier dans l'impasse. Syndicats et direction pourraient se revoir lundi, sachant que l'usine sera fermée ce vendredi. •

La Voix du Nord

La Compagnie Messian Durand (CMD), basée à Cambrai depuis plus d'un siècle, fabrique des réducteurs et multiplicateurs de vitesse pour des raffineries, sucrerie, cimenterie, etc. Elle appartient depuis 2006 au groupe Compagnie industrielle et financière (CIF), basé à Bussy dans la Haute-Marne. CMD exporte 70 % de sa production, notamment en Chine, en Inde et au sein des pays de l'Union européenne. En 2009, le site de Cambrai a réalisé 71 millions d'euros de chiffre d'affaires.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire