mercredi 6 octobre 2010

Chronique de l'exploitation capitaliste : Ces salariés qui n'ont plus une minute à perdre

Au terme d'un long feuilleton, la Cour de cassation vient d'ordonner aux patrons de la Simair le paiement de la demi-heure de pause que réclamaient les salariés.

Trente minutes de pause accordées mais non payées aux salariés de la Simair. La justice vient une nouvelle fois d'en décider autrement.

Au terme d'une interminable partie de ping-pong prud'homale, la Cour de cassation vient de signifier la fin des hostilités opposant depuis cinq ans la direction de l'entreprise aéronautique Simair à une quinzaine de ses salariés.

Au cœur du conflit, le paiement de la fameuse demi-heure de pause traditionnellement accordée aux employés sous le régime des 3x8. Accordée, donc, mais pour la gloire selon les syndicats qui exigent la rémunération de ce temps pas forcément libre.

« La direction estimait que nous pouvions vaquer à nos occupations, sauf que les textes précisent bien qu'il est interdit de quitter l'usine, sauf dérogation », explique notamment Nicolas Roulin. Difficile en effet d'imaginer que ces trente minutes chronos aient un jour permis autre chose qu'avaler un café dans le bistrot d'un quartier des Sœurs où il n'en existe d'ailleurs pas.

Par deux fois condamnés à régler leurs dettes par le conseil des Prud'hommes, les patrons de la Simair s'étaient pourtant pourvus en cassation au mois de juin dernier. En vain, puisque la chambre sociale de la plus haute juridiction judiciaire française qualifie aujourd'hui d'« irrévocable » la décision des juges rochefortais. Outre une ardoise d'environ 1 500 euros pour chacun des quinze salariés engagés dans la bataille, la direction de l'entreprise aéronautique pourrait donc désormais être tentée - ou contrainte - d'entériner le paiement systématique de la pause.

C'est en tout cas le souhait de la CGT, qui se réjouit au passage de l'arrivée d'une nouvelle équipe dirigeante aux manettes de l'équipementier aéronautique. « Avec eux, au moins, nous pouvons dialoguer, c'est un vrai changement. À eux maintenant de clore ce chapitre, d'autant qu'après quelques mois délicats, les commandes repartent à la hausse. »

Dans un très bref communiqué, la direction entrouvre également le chapitre de l'apaisement, admettant qu'une « page de l'histoire de la Simair venait d'être tournée », tout en souhaitant que « la disparition de cet écueil aille dans le sens du développement d'un bon dialogue social ».

Un effet boule de neige ?

Au-delà de la Simair, la décision de la Cour de cassation pourrait enfin avoir un effet boule de neige parmi un bassin industriel rochefortais où la gestion des temps de pause est souvent une discipline à géométrie variable.

Sud Ouest

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