dimanche 31 octobre 2010

Les ouvriers chinois contre l'Etat et le syndicat

Des ouvriers en grève de l'usine Honda de Shishan affrontent les responsables du Syndicat (casquettes jaunes)


Gauche Marxiste - La critique de la mondialisation trouve ses limites dans les faits : l'utopie protectionniste clamée haut et fort par les politiciens démagogues jusqu'à certains bureaucrates syndicalistes trompe la classe ouvrière sur les moyens de parvenir à un rapport de force international face aux capitalistes. Si certains idéalistes pensent trouver dans la régulation capitaliste une solution aux "délocalisations" en pensant que l'économie capitaliste pourrait trouver un obstacle face aux juridictions nationales, leur ignorance ne doit pas nous tromper sur nos objectifs en tant que travailleurs en lutte. Les travailleurs du monde entier ne pourront résoudre leurs problèmes qu'en ayant une conscience de la dimension internationale de leur combat. Pourrir la vie des capitalistes à Paris comme à Pékin, dans l'unité, est la seule voie réaliste pour les salariés. Diviser les travailleurs pour mieux faire régner le capital est un principe qui doit être démasqué. Travailleurs de tous les pays, unissons-nous !



Les limites du productivisme

Surprise en Occident, des usines chinoises se mettent en grève. Des ouvriers d’Honda, Hyundaï et Foxconn ont fait la une des médias occidentaux en cessant le travail. Les clichés ont la vie dure. Quand il s’agit des ouvriers chinois, on pense immédiatement : main d’œuvre corvéable à merci, docilité, travail acharné.

Et puis, voilà que des ouvriers, comme partout ailleurs dans le monde, réclament des hausses de salaire, de meilleures conditions de travail, tout cela sans l’accord du Syndicat unique, chargé de faire taire les révoltes plutôt que de les provoquer. L’usine Foxconn, près de Shanghai, a même connu plusieurs suicides, provoquant l’émoi des sociétés sous-traitantes comme Apple. La belle machine productiviste, qui a donné à la Chine des taux de croissance de 10% l’an, se serait-elle grippée ?

Car dans cette machine, les ouvriers chinois restent les grands perdants de la croissance. Une main d’œuvre inépuisable et non-qualifiée venue des campagnes a fait que le salaire minimum est resté très bas à un moment où les classes moyennes ont connu un essor sans précédent. Par crainte de vagues de contestations, le Gouvernement chinois n’a pas tardé à augmenter le salaire minimum de 10% dans la région de Pékin, étonnant dans un pays dont le régime n’a pas la réputation de céder face à la rue.

Le modèle économique de la mondialisation

Mais derrière ces micro-événements se cachent les limites du modèle de croissance de la Chine et plus généralement de tous les pays receveurs de capitaux étrangers. En somme, les limites du modèle de croissance de la mondialisation. Les classes moyennes (quand elles existent) et supérieures ont profité de afflux de capitaux mais la classe ouvrière, dont le bas coût est la seule raison de ces investissements, est resté immanquablement sur le bord de la route. Aujourd’hui, elle s’en rend compte et se rebiffe.

Dans les pays occidentaux, la croissance des Trente Glorieuses s’est basée sur l’enrichissement général et s’est réalisée en système économique fermé. L’augmentation des salaires nourrissait la consommation qui stimulait l’investissement et la croissance. Un cercle vertueux de la demande qui a permis une hausse rapide du niveau de vie des classes moyennes et ouvrière.

En revanche, dans les pays receveurs de capitaux étrangers, le fait qu’une grande partie de la production ne soit pas destinée au marché intérieur rend ce schéma plus complexe. La hausse des salaires reste compromise car elle pourrait provoquer une fuite des capitaux. Il faut plusieurs décennies avant que la croissance dans ces pays puisse profiter à tous, il faut l’émergence d’investissements intérieurs qui réduise la dépendance aux capitaux étrangers. En attendant, les inégalités explosent.

Aux opinions publiques scandalisées par les délocalisations, on vante une vision humaniste de croissance dans les pays en développement, similaire à celle qu’on connaissait en Occident. La réalité est tout autre et les grèves en Chine, au nez et à la barbe de l’État et du Syndicat, nous le rappelle.

LE MONDE DE DEMAIN

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire